C’est un problème d’organisation

– «  Je n’en peux plus, je sature, je suis épuisée, il y a trop de choses, je ne maîtrise plus et je m’enlise, je me tue, je n’ai pas le temps, je n’ai plus de temps »

– «  Ce n’est pas un problème de temps, c’est un problème d’organisation ! »

– « Ah oui mais laquelle ? »

– « Quelle quoi ? »

– « Quelle organisation ? »

– « L’organisation de votre temps, de vos taches, de votre travail ! »

– « L’organisation de mon travail ou du votre ? De quelle organisation parle-t-on ? »

Voilà qui raisonne dans les esprits comme une remarque récurrente, si l’on est épuisé au travail c’est qu’on ne gère pas bien notre temps, nous avons un défaut d’organisation. Il faut donc optimiser, rationaliser, intégrer les normes de l’organisation et davantage se les appliquer à soi même car il s’agit bien d’un défaut de notre part. La culpabilité nous assaille mais pire, elle vient de nous !

Qu’allons-nous faire, bien évidemment cesser de nous plaindre car si notre organisation du travail fait défaut nous allons rapidement mettre en péril l’organisation de tout le monde, des autres ! Celle pour laquelle on nous a tant répété l’enjeu de la participation collective, de l’implication de chacun-e comme les maillons d’une chaîne… ou plutôt les maillons du travail à la chaîne ! BREF…

Alors on se culpabilise et une fois de plus voilà qui rajoute à notre intime conviction de notre incapacité, de notre fragilité, de notre médiocrité. L’effet est donc à son maximum, on redouble d’effort et nous voilà reparti pour donner la preuve que le destin n’aura pas raison de nous, nous braverons l’épuisement pour donner la preuve que l’échec ne viendra pas d’une faiblesse d’âme quitte à ce que le corps lâche, ce corps qui est si agaçant quand il parle et s’exprime. Parce qu’il parle souvent ou qu’on a si peu l’habitude de l’écouter ?

Alors nous ferons toujours plus avec moins, toujours plus quantité avec plus d’exigences, plus à la maison, plus tard dans la nuit, avec moins de rémunération, moins de moyens ce qui mènera invariablement à une forme de baisse tendancielle du taux de satisfaction. Ceci aboutira à une prochaine crise, les pompiers de notre prise dans les flammes ressortiront et sauront nous dire « c’est un problème d’organisation ! » alors que pourtant quoi qu’il se passe et quoiqu’il nous arrive, en dépression, malade ou épuisée l’organisation, elle, sera toujours là!


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