Un sexe sans frontière

Difficile de signifier et d’identifier les frontières de son espace.

Les permissions d’entrer sans accord dans l’espace physique du corps, de l’esprit sont incessants. Combien de fois, combien de femmes ont vécu l’intrusion sans gêne d’un Autre sans permission, sans accord, sans demande, sans mot?

Cette permissivité, cette assurance à avoir le droit ou se le donner sans douter.

Combien de fois, combien de femmes ont vécu l’Autre qui arrive et s’impose dans un espace et une réalité qui étaient pensés et voulus, seule ?

La solitude d’une femme serait-elle impensable, inenvisageable ?

Et bien non, en réalité elle s’accompagne, elle doit être accompagnée comme un être-chose, un sexe-objet, un sexe qui appartient à tout le monde, enfin…, au monde social. Une femme naturalisée par la nature de son sexe qui du coup ne lui appartient pas mais appartient à ceux qui peuvent se targuer de savoir et de prétendre ce qu’est la Nature.

Peut-elle dire non ? Peut-elle signifier quelque chose ? En a-t-elle la capacité ? Le droit ? Elle est surtout pénétrable dans son corps mais aussi dans son esprit, pour lui imposer une définition, un destin, des aspirations, des rôles, des fonctions et lui faire croire en la magie de sa nature… en toute transparence, lui montrer son évidence, sa simplicité et/ou son absence de complexité.

Elle est donnée à voir dans sa transparence. Elle n’a donc pas de frontières, en tout cas, elle, elle ne peut pas en signifier une et encore moins plusieurs.

On peut peut-être en signifier certaines pour elle parce que l’explication de ce qui fait sa nature réside dans son sexe et son sexe fascine, excite et dérange alors figeons le-la dans un usage restrictif, dans une fonction mécanisée, à une place invisible.

Elle est unique c’est plus simple, plus simple de définition et plus simple de contrôle, il n’en faut qu’une. Le pluriel est contre-nature.

Ses envies sont les nôtres, ses avis sont les nôtres, son espace est le notre, son corps est le notre, son temps est le notre !

Elle est à nous, elle nous appartient !

Ses besoins sont les nôtres ? On en a donc besoin?! elle a donc une valeur ? On donne vie à l’objet ou l’objet nous donne vie ? On lui appartient ? ON LUI APPARTIENT ?!

Violence, restriction, injonction, culpabilité, culpabilité, culpabilité

Souffrance, souffrance de l’autre, souffrance pour l’autre, toujours l’autre… Quelle place pour soi ? quel temps pour soi? Tout est complet, tout est rempli, plus rien pour soi, moi seule… Où est ce temps seule avec moi ?


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